• Sortie ...

    "Aux confins de midi tu es l'astre lancinant
    qui traverse le grand fleuve puis s'élève comme un pays aimé"
    Benjamain Jules-Rosette

     

     Le soleil est encore dans le ciel, mais la sieste est terminée et le thé bu. « Viens », dit Dame.

    Le soleil d'Europe est une tache bienveillante qui parfois perce un ciel serein. Le soleil sur le Sine-Saloum est femme, miroir parfait, aveuglant et omniprésent de la terre chauffée à blanc, et le ciel n'existe que transparent dans la nuit, virtualité de toutes les existences, plein des rêves des voyages impossibles.  

    _ Comment vas-tu ?
    _ Je vais bien.
    _ Tu vas bien ?
    _ Je vais bien.
    _ Ta famille ?
    _ A la maison, là-bas.
    _ Dans la paix ?
    _ La paix seulement.
    _ Dans la paix.
    _
    La paix, vraiment !
    _ La paix, vraiment.
    _ Dieu nous aide.
    _ Dieu nous aide.

      Après, comme il a salué chacun et chacune, comme il a joué avec l'enfant rieur et porté le nourrisson, comme il a regardé la maille régulière du filet dans le geste vif et précis de l'homme, mangé les fruits de mer que tendait la femme, comme ses yeux ont brillé pour la sœur et souri pour le frère, il s'éloigne d'un pas nonchalant, répondant distraitement aux vœux de paix qu'un vieil homme récite consciencieusement dans un murmure mourant.  Devant la boutique, un enfant hurle : « Tchépété ! »
    _ Nafio ?
    _ Méhémé.
    _ Nambinné ?
    _ Owemen.
    _ Diam som ?
    _ Diam rec !


    Si elle dort encore, si elle est sortie marchander le poisson sec sous l'œil raisonnant d'un muezzin de métal, le poisson vif au bourdon farouche de cent sales mouches, si elle est triste aussi, alors c'est une jeune fille qui tient la boutique. Mais quand Tchépété vient, Dame s'assoit à ses côtés et plaisante avec elle. Il semble être venu pour cela : seulement rire et parler. Plus tard, on dirait par hasard, il achète le sachet de sucre aux reflets d'or, celui qui remplira trois verres pour les trois thés : le thé amer comme la vie, le thé doux comme l'agneau, le thé suave comme la mort.

     


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  • Commentaires

    1
    Lundi 26 Mai 2008 à 17:58
    Hello
    j'espère que tu vas bien, je te remercie ça me fait bien plaisir de te lire à nouveau, c'est toi qui a fait cette bonne pêche, je t'envois pleins de petits sourires. A Bientôt.
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