• Objets du quotidien

                                                                   LA TOUPIE

    L'enfant marche, les pieds nus, sur le sable chaud. Son pas est lent, indécis, sa direction changeante. Son regard se porte sur l'horizon ocre des terres ou sur celui argenté du fleuve. D'un geste rapide, il tire une ficelle d'une petite bouteille de plastique étêtée. Alors s'anime à l'intérieur une toupie, un noyau de mangue transpercé d'une baguette de bois. C'est là le seul jouet de l'enfant. Et il répète son geste, mécaniquement, cent fois sûrement.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p></o:p> 

     

                           LA BRINDILLE

    Omar est rentré de la pêche. Il a mangé, bu le thé. Maintenant,  il est assis et regarde distraitement son père qui répare le filet abîmé. D'une brindille écorcée, il polit ses dents, patiemment, avec soin. Plus tard, il ira chez un cousin, ou voir le chantier naval, ou quelque arrivage ; il ira ailleurs. Mais jusqu'au soir, il usera cette brindille sur ses dents déjà lisses et blanches.

     

                                                              L'ARDOISE

    Dans un cartable à peine usé, l'écolier porte son ardoise. Elle est son cahier, elle est son brouillon, elle est le petit papier pour faire rire le voisin, et la toile du dessin qui le fait s'évader. Dans l'unique cartable de bien des années, l'écolier garde son ardoise.<o:p> </o:p><o:p></o:p> 


    l'école de fambine

                                                                                              LE BATON

    « Nous tous, on est passés par le bâton. C'est un peu notre tradition. » Dans les campagnes, c'est au bâton que l'on élève les petits. Il est dans la maison, il est sur les chantiers et dans les champs, il est sur les charrettes, il est aussi dans la salle de classe, « même si on est désolé quand on le fait. » Bien sûr, le bâton qui s'abat fait mal, bien sûr. Mais il ne fait pas pleurer comme le font les cris de la mère, ni désespérer comme le font les absences des parents de l'Occident. Parfois même, l'enfant le prend et assène l'âne de coups, par jeu.

    Un jour, l'enfant sera trop grand pour recevoir les coups. Alors il sera fier d'être « passé par le bâton », fier d'être devenu un homme, un homme droit. Un jour, il dit : « C'est le bâton qui m'a fait ! »

     

    <o:p>                                                          </o:p>LES BIDONS

    Une guirlande de bidons longe les murs de la cuisine. Deux fois dans la semaine, elle s'étire au dehors, elle égaie le chemin de ses couleurs vives, et chante jusqu'aux robinets, devant le dispensaire et devant la boutique. Elle promet l'eau pour le riz, pour le thé, pour la douche tiède et la lessive. Elle s'égare parfois sur un ponton, puis dans une pirogue, se rassemble sur quelques charrettes, et longe enfin les murs de quelque cuisine.<o:p> </o:p><o:p> </o:p> 

     


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